Une Touche d'Optimisme

La vieille dame

Ses mains tremblent au gré de la bise qui la caresse

Elles sont comme les papiers froissés qu'on utilise sans cesse

La vieille dame est assise sur ce banc

Depuis cent ans depuis mille ans

Elle regarde passer le vent comme pour mieux gagner du temps

Elle se demande pourquoi les hommes se haïssent tant

Car à son age encore, on ne comprend pas les gens

Elle a ce regard pur des êtres à la vie dure

Ses yeux pleurent au gré des morts qui la tapissent

Ils sont comme les fontaines usées où les eaux croupissent

La vieille dame est assise sur ce banc

Depuis cent ans, depuis mille ans

Elle regarde tomber les hommes comme on ramasse des pommes

Elle se demande comment on peut cogner des mômes

Car à son age encore on ignore tout des hommes

Elle a ces gestes fermes des êtres à la vie blême

Ses traits se tirent au gré des enfants qui naissent

Ils sont comme les tranchées boueuses où les corps se dépècent

La vieille dame est assise sur ce banc

Depuis cent ans, depuis mille ans

Elle regarde hurler les fous comme on terrasse les pauvres loups

Elle se demande pourquoi les hommes aiment tant être saoul

Car à son age encore on ne comprend pas tout

Elle a cette voix tranquille des êtres à la vie fragile

Ses pieds se traînent au gré des départs qui la blessent

Ils sont comme deux vagabonds vivant d'une ou deux pièces

La vieille dame est assise sur ce banc

Depuis cent ans depuis mille ans

Elle regarde mourir les gens comme on attend son moment

Elle se demande comment on peut lutter autant

Car à son age encore on ignore l'acharnement

Elle a cette pensée des êtres à la vie passée

Son corps se meurt au gré des ages qui la tourmentent

Il est comme un trophée déchu où même l'âme est absente

La vieille dame est morte sur ce banc

Depuis cent ans depuis mille ans

On la regarde pourrir comme se fanent les fleurs

On se demande comment on peut vivre dans le malheur

Car à notre age on ignore tout du bonheur

On a ce coeur naïf des gens bien trop passifs

Issue de l'album

Quelques grammes de bonheur...